dimanche 18 mars 2012

Cétébienoupas : le bilan de Douksékilé



Voilà maintenant plus d'une semaine que j'ai posé le pied au pays de la baguette, de Sartre et du Groland et l'envie toute naturelle d'offrir ses premières impressions sur plus d'une dizaine de mois de baroude m'invite à reprendre le clavier.

Cela en valait-il la peine ? Était-ce trop long ? Où pas assez ? Que referais-je ? Qu'éviterais-je ? Bref, tant de questions méritant réponse.

1) Tout d'abord, le contrat a-t-il bel et bien été honoré ? Est-ce un succès ?

- Sur la forme, si l'on prend en compte le respect à 100% de l'auto-stop, c'est incontestablement un échec. Pourquoi ? Parce qu'il m'est arrivé à plusieurs reprises de prendre un bout de train ou de car, comme le Trans-sibérien en Russie, quelques bus en Chine afin d'honorer la date limite de mon visa où encore les transports publics pour entrer et sortir de Bangkok.

   Sur le fond, c'est un succès complet. L'étonnement, la connaissance, le partage, le dépassement de soi, ... tout cela m'a été offert sur un plateau dés que j'ai osé franchir le pas. Ne vous fiez pas à la formulation qui peut paraître très similaire au leitmotiv ennuyeux d'une école de renom comme Harvard. Tout ce qu'il faut en retenir c'est que la redécouverte de toutes les subtilités de sa petite personne est de mise et que l'on dispose au bout du compte, non pas des réponses que l'on attendait mais de celles dont on a besoin pour avoir un regard clair et éduqué, pour se débarrasser du flot d'idées reçues stupides dont nous sommes abreuvés dés l'enfance. Si.

Beaucoup me demandent à quoi cela m'a concrètement mené. La réponse est : "à tout".

2) La durée était-elle raisonnable ?

Une dizaine de mois c'est long, c'est l'équivalent d'une année scolaire (cqfd). Si l'on considère le voyage comme un loisir à ne pratiquer qu'en vacances, cela parait démesuré. Mais à l'inverse, si l'on voit cela en tant qu'expérience à part entière, comme "une année à l'école de la vie", et bien cela parait toujours trop court. Qu'est-ce qu'une poignée de mois passés à découvrir le monde sur une durée de vie moyenne de 80 ans ?

 3) Quelles destinations referais-je sans hésitation ? Que balourderais-je ?

Ce point est intimement lié au vécu et à la corde sensible de chaque voyageur. Si j'ai adoré la Russie et le Laos, je ne peux en dire autant de la Hongrie et de la Malaisie. D'autres baroudeurs avec qui le courant passait parfaitement m'ont souvent fait partager un sentiment contraire concernant ces contrées.

4) L'équipement était-il adapté ?

Comme beaucoup et même si je pensais prendre le minimum vital, je m'étais en fait bien trop chargé. Si ma tente s'est révélée utile au début, elle est véritablement devenue un boulet par la suite à cause de son poids. La facilité que j'ai eu à me loger chez l'habitant la rendait encombrante et la sécurité relative qu'elle m'a procurée lors de mes nuits extérieures ne valait pas tous les désagréments de son transport.

De même, acheter tous les médicaments requis au moment du départ pour se les trimballer à longueur de temps est une bêtise. Privilégiez leur achat progressif dans certaines pharmacies étrangères reconnues comme viables par l'ordre des pharmaciens. Une liste est disponible sur la toile.

Enfin, penser à envoyer régulièrement des colis à un proche avec tous les objets collectés. Les conserver n'amène qu'à leur destruction.

5) L'auto-stop, dernier moyen de locomotion excitant sur terre ?

Oui et non. S'il m'a offert les plus belles surprises du trajet, il n'en reste pas moins épuisant et le sentiment de dépendance qu'il crée peut devenir assez agaçant à la longue. Toutefois, pour découvrir véritablement la population et rencontrer des personnalités hors du commun, le stop reste le meilleur moyen de partir à l'aventure. Les purs et durs adorent sa facette imprévisible tandis que les adeptes occasionnels préfèrent alterner de temps à autre avec les transports en commun.

Rater par principe des attractions aussi délectables que le trans-sibérien en 3ème classe où les autocars asiatiques est dommage à mon sens. Il faut bien entendu que cela reste exceptionnel pour mieux les savourer.

6) Et pour la suite ?

La décision de ne pas enchainer directement sur l'Amérique du Sud a fait l'objet d'une longue réflexion bien que l'envie fut grande. Ce sera fort probablement ma prochaine destination d'ici 1 ou 2 ans. Une fois que l'on a vu l'extrême facilité de mouvement dont nous autres occidentaux disposons, il devient difficile de se borner au territoire français. C'est pourquoi toutes les destinations ridiculement proches comme l’Écosse, l'Irlande où la Norvège seront probablement visitées dans les mois à venir. 


Le mot de la fin : si je n'avais qu'une recommandation ce serait : prenez le large maintenant ! Assez de procrastination ! Quand l'on sait que je n'ai pas dépensé plus de 4000 euros au final pour tout le bien qui en découle, ce serait un crime de se priver de pareille chance.  Partir avec la peur au ventre et revenir apaisé avec une vision claire du monde et des peuples, ça n'a pas de prix.

                                                                                                                Sylvain

Remerciements particuliers à Ludovic Hubler et Thomas Divier pour leurs conseils avisés.

Ce blog est dédié à :

- L'esprit d'ouverture allemand
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- La cuisine indonésienne
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Ce blog n'est pas dédié à :

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- Aux extrémistes musulmans
- Aux policiers corrompus
- Aux arnaqueurs pékinois et maquereaux shanghaïens
- A l'intolérance d'une grande partie des européens d'Australie

D'une manière générale, ces écrits sont dédicacés à l'Europe, l'Asie et l'Océanie avec qui mes rapports furent aussi divers qu'enrichissants. (Merci Binet)

samedi 18 février 2012

Dernier arrêt Melbourne : fin d'un périple coloré



Il est à peine 10h lorsque je me décide à tendre le pouce en périphérie d’Adelaide, après 2h de marche pour le moins pentues. Il s’agit là de mon dernier trajet en stop avec pour destination Melbourne et, pour tout un tas de raisons évidentes dont l’orgueil et la dignité, je me résous à ne pas céder au mélodrame. Fondre en larmes sur le trottoir sous prétexte que ce sont mes derniers jours à nager dans les gaz d’échappement, à bouffer de la poussière, à attendre des heures interminables sous un soleil de plomb ainsi qu’à forcer mon sourire devant des conducteurs à l’expression faciale aussi chaleureuse qu’un zombie neurasthénique, n’est probablement pas un argument valable pour m’attirer les bonnes grâces des usagers  de la route.

Bref, un dernier effort, en avant Guingamp. Ce dernier tronçon de 800 km s’avale comme un charme, pas plus de 10 mn d’attente, des gens généreux au possible et je terminerais ma course par un dernier lift de nuit avec un chauffeur grec de « road-train » qui m’offrira mon dîner en plus d’une agréable balade.



Me voilà donc à 5 heures du matin dans une station service de la banlieue ouest melbourniane et, après m’être fait engueuler parce que je fumais au-dessus des bouteilles de butane (je n’ai pas dormi de la nuit rappelez-vous, j’ai des circonstances atténuantes), je me mets à la recherche d’un bout de bus pour joindre la City. 

Premier constat : c’est très vert et, forte de son statut de ville la plus agréable à vivre au monde, très propre, très bcbg et surtout cosmopolite. Se balader une heure dans la rue équivaut à entendre une bonne quinzaine de langues différentes, du vietnamien à l’hébreux en passant par l’anglais (si).

Les arts sont également très présents et, tandis que tout un lot de groupes se produisent ça et là (il est par ailleurs dingue de constater à quel point les anglophones ont la musique dans le sang et un talent inné pour la note juste), les expositions de peintures sont nombreuses et la plupart du temps gratuites.
Un nombre conséquent de cafés italiens offrent de quoi se désaltérer pour des prix frisant l’indécence tandis qu’un troupeau de « hipsters » saute de clubs en boîtes en faisant des gestes cool que même le péquin moyen il comprendra jamais.



Les monuments neufs commémorant les victimes de la seconde guerre mondiale et du conflit sud-africain sont très présents, mais il est triste de constater qu’aucune plaque ne rend hommage à tous ces aborigènes massacrés pour la terre par des britanniques à l’évidence plus que féroces. 

Que l’on s’entende bien, mon maigre enthousiasme pour l’Australie me vient principalement de mon long séjour en territoire du nord, dernier bastion des habitants légitimes de cette contrée. Car, si la côte est relativement sympathique et les occupants bourrés de bonnes intentions, c’est au prix d’un génocide assumé par beaucoup. Je ne compte plus les fois où l’on a été jusqu’à me faire son apologie ! Ce genre d’opinion me glace le sang et malheureusement, même les voyageurs s’y mettent, à une échelle certes moindre mais tout de même.

Le curieux qui souhaite avoir la vision occidentale festive et connue de la vie australe restera entre Adelaide et Brisbane. Les autres s’enfonceront plus dans l’Outback et se feront leur propre idée des problèmes profonds du pays, soit en adoptant une attitude de rejet de l’ethnie historique soit en se ramassant une monumentale tarte humaine qui ne mène qu’à la morosité. 



Cela étant, les 17000 km séparant Melbourne de ma région natale ont été pliés, non sans mal. Ma carrière d’auto-stoppeur prend donc fin (enfin, sait-on jamais…) et un récapitulatif de mon aventure apparaitra sous peu avec même un bout de bilan et quelques petites choses utiles. 

 Pour ma part, j’y ai pris grand plaisir et j’espère que mes fidèles (et nombreux, si) lecteurs me pardonneront mes quelques bourdes en matière de grammaire et d’orthographe, qui s’expliquent relativement aisément au vu du caractère inhabituel de l’expérience. 

Si celle-ci m’a beaucoup apporté sur le plan personnel, elle m’a également permis de mieux cerner le monde, les populations et les modes de pensée. Ce type de voyage guérit également un certain nombre de choses, dont les préjugés ainsi que les raccourcis de l’esprit et ouvre la porte à des questions plus larges qui ne seront rassasiées que si l'on pousse un peu plus loin, toujours plus loin, loin loin.

samedi 11 février 2012

Sur les pistes de l'Outback : terre rouge et mouches en pagaille

Mines d'Opal de Coober Pedy


Partir d'Alice Springs fut ardu puisque je n'attendrais pas moins de 24h sous le seul arbre situé à la sortie de la ville, attente animée par une nuée de mouches insupportable, avant de me voir offrir un "lift" jusqu'à Coober Pedy, située à mi-chemin.

Coin sympa que j'ai occupé 24h, en attendant une bonne âme


La route m'apportera mes premières tornades, se présentant parfois en bande de 4 et dansant sur une terre rouge feu qui s'étend sur des milliers de kilomètres. Ce coin désertique est appelé l'Outback, foyer du massif d'Uluru et de nombreuses autres singularités telles canyons et mines d'opal.



Les rares habitants ont gardé un look très pionnier avec souvent une longue barbe descendant jusqu'à la taille et le chapeau de paille qui va avec. Il ne leur manque que la pioche et la bouteille d'eau-de-vie pour se croire en plein remake d'un métrage bien connue de Disney.

Le premier lac sur ma route, si salé qu'on le croirait couvert de neige


Ceux-ci sont de plus très amicaux et les actes de bienveillance envers ma besogne d'auto-stoppeur nombreux. On me sort un tabouret pour que l'attente soit plus supportable, on me donne des fruits, on me conseille.

Le train de l'Outback au loin, s'avalant ses 4000 bornes hebdomadaires


Il est de plus sympathique de croiser quelques descendants de colons français qui me témoignent une sympathie toute naturelle, vraisemblablement en hommage à leurs racines.

Cathédrale St Peter


J'arrive finalement à Adelaide après une courte halte à Port Augusta et la différence de température est déjà saisissante puisqu'il fait entre 15 et 20° de moins, la chair de poule guette (si).

Cette cité est sans doute la première jusque là à avoir un peu de charme et, quand bien même je n'ai pas encore eu la chance de me rendre aux États-Unis, la comparaison avec le modèle américain est évidente. Des rues quadrillées, une City au centre, quelques églises en pierres d'aspect neuf, la rivière Torrens bordée de pelouses et d'allées goudronnées pour joggeurs et cyclistes chevronnés. Bref, un véritable décor pour un film de Sam Mendès.



La population aborigène a à présent disparue, place à l'insouciante société moderne.

vendredi 3 février 2012

De Katherine à Alice Springs : la bat-mobile ne répond plus


(Crédit photo : Roberto Taddei)


Un mois d’élagage de manguiers plus tard, me revoilà sur la route. Le bilan est quand même lourd : ayant directement embrayé sur le boulot après 9 mois (intenses hein) de baroude, je me retrouve dans une sorte d’état second que nous qualifierons d’ultra-mou, marshmallow voir même molluscoïde. Ainsi, le moindre support d’apparence accueillant pour popotins fatigués se veut une excellente excuse pour glisser tranquillement vers un sieston, à n’importe quelle heure du jour.

L'équipe de pruning (Credit photo : Takako)


Mon appareil photo est à présent complètement hors d’usage : il n’a pas survécu à ma dernière chasse aux oeufs de crocodile. Ceci expliquant donc qu’une nouvelle fois, le nombre de clichés sera grandement limité sur ce billet.

De plus, mon appréhension de la mentalité des habitants du coin est désormais plus affutée car, si une bonne partie de leur raisonnement me semble tout à fait incohérent, le mien leur parait d’autant plus étrange sur des sujets comme la propriété, les relations aux aborigènes, aux femmes, à l’alcool et à la vie en général. Ainsi les disputes furent fréquentes des 2 côtés et en général la partie adverse ne comprend pas pourquoi elle s’en prend plein le museau. Le choc des cultures très probablement.

Les 2 compères en bonne compagnie


Bref, tendre de nouveau le pouce après 1 mois de break n’est guère aisé et la saison des pluies n’est pas faite pour me faciliter la tâche. Aux averses (le mot est faible, disons cascades) se succèdent un soleil de plomb (en général 40-41° à l’ombre), me donnant après 3 heures d’attente un air de torchon malade qui n’est pas fait pour rassurer les rares automobilistes déjà fort frileux.

Tandis que l’on me ramasse finalement pour me déposer 10 bornes plus loin (rappelons que j’ai 1100 kms à parcourir), je croise 2 autres auto-stoppeurs, plus jeunes, qui resteront à mes côtés le temps de compléter l’étape. Ceux-ci ont pour particularité de se déguiser en Batman et Robin afin d’attirer la sympathie des usagers de la route, imaginez le bordel qui en découle. Même la maréchaussée vient poser, en prétextant un contrôle d’identité.

Halte en pleine savanne (Crédit photo : Roberto Taddei)


Trois jours seront nécessaires avec des arrêts dans des bleds aussi minuscules qu’arides : Mataranka, Elliot, Tennant Creek et enfin Alice et son gros rocher, son canyon, et sa mentalité encore plus exotique.

Départ lundi pour Adélaïde, dernier patelin d’importance avant la cité finale. La fin du périple s’annonce…

samedi 7 janvier 2012

Premiers pouces en Australie : waliborigènal

(Crédit photo : source externe)


Mes premiers pas dans la capitale du Northern Territory australien sont pour le moins déconcertant. Darwin n’est pas en soit une ville désagréable mais après plusieurs mois passés dans une Asie à la vivacité incroyable, le changement est difficile à encaisser. A tel point que la pensée de rebrousser chemin m’a plus d’une fois traversée l’esprit.

Tout d’abord, la propreté des rues et l’aspect neuf de tous les bâtiments donne au patelin un air de centre commercial. Les rares véhicules sont des pick-up à l’américaine parcourant de longues avenues parsemées d’aborigènes soûls du matin au soir. Ces derniers semblent complètement perdus dans une vie moderne qui ne les attire pas, préférant rester dans le brouillard à longueur de temps, comme un long cauchemar dont ils attendent le dénouement avec impatience. 

Knotts Crossing, rives à crocodiles


Les voir aussi dévasté met véritablement mal à l’aise, tout comme l’attitude méprisante d’une grande partie de la population blanche, donnant au tableau un semblant nauséabond d’apartheid. 

De manière générale, la plupart des voyageurs posent leurs bagages au pays des kangourous pour faire des petits-boulots bien rémunérés afin de recharger leur compte au banque éprouvé par plusieurs mois de baroude. 

Sachant que le travail le plus basique est payé au minimum entre 2000 et 2500 par mois, c’est véritablement la contrée-étape de l’européen fauché. Le plus dur n’étant pas de trouver où bosser (ça m’a pris 20 minutes montre en main) mais bel et bien de réussir à ne pas tout dépenser vu les tarifs incroyablement élevés de la moindre broutille. C’est bien simple pour parvenir à se nourrir correctement, il faut vendre ses 2 reins et la femme du voisin (n.b. : comptez quelques orteils pour accéder une heure à internet).

La Stuart Highway à Adelaïde river, des heures à attendre désespérément une bagnole


 Je ne me sens pas à l’aise et décide de reprendre la route en direction de Katherine. Quelle joie de faire du stop et de comprendre les insultes qu’on me balance au visage, ça me manquait tient. Un bon point : la chose est très répandue ici et rallier 2 villes est rapide. 

J’arrive donc dans ledit bled le jour de Noël que je passerais en compagnie d’un vieil original des îles Fidji, à avaler du kangourou et picoler de la bière-pisse en écoutant des histoires sympas de voyageur.
3 jours plus tard me voilà dans les champs de mangue à bosser en compagnie d’une armée de français ainsi qu’au milieu des wallabies et des « bush turkeys » soit des oiseaux d’1m 60 ressemblant aux autruches. 

L'un des nombreux panneaux de mise-en-garde


Car le point fort du coin est véritablement sa nature sauvage, grouillant d’insectes improbables et de trucs plus où moins poilus inconnus au bataillon. Résultat : une cacophonie animalière appréciable qui aide les paresseux à se tirer du pieu.

Il me reste donc au moins 2 semaines de boulot avant de partir pour Alice Springs, endroit où j’écrirais mon prochain billet après la traversée d’une partie non-négligeable de désert. Une bonne année à tous en passant !

N.B. : Veuillez me pardonner pour la maigre quantité de photos : mon appareil est au bout du rouleau et il m'est difficile de faire un cliché correct.

mardi 20 décembre 2011

Dernier arrêt Bali : l'île aux fantasmes



Je parviens finalement à trouver un fond d’énergie pour aller voir rapidement l’impressionnant temple de Borobudur (que je ne pourrais même pas vous montrer puisque mon appareil photo, en plus d’être agonisant, se trouvait à court de batterie à cet instant précis {gifle l’appareil}), puis me dirige doucement vers l'île de Bali.



La route est bonne et très fréquentée, me permettant ainsi d'attraper le ferry au petit matin en compagnie d'une foule de travailleurs javanais qui ont tous compris que l'argent se trouve de l'autre côté. Après une traversée des plus agréables, à laquelle prend part une multitude de poissons volants, et d'un sympathique lever de soleil, je pose les orteils sur le dernier vestige hindouiste indonésien. 

Bye bye Java


En effet, fini les miaulements dans les minarets à des heures indécentes et bonjour aux petits paniers de fleurs et de nourriture à même le trottoir (réussir à ne pas glisser dessus constitue un véritable challenge), aux multiples onctions odorantes sur les maisons à la tombée du jour ainsi qu'aux monuments aussi apaisants que fins et travaillés.



J'ai souvent entendu parler de Bali comme étant un petit paradis de beauté et de calme : force est de constater que l'on ne m'a pas menti. A partir du moment où l'on s'éloigne de Denpasar, Ubud et Kuta (les pôles majeurs de vacanciers), on déambule au milieu de charmantes rizières traversées par de petits cours d'eau rejoignant des plages toujours plus paradisiaques, avec une eau toujours plus bleue et des surfers toujours plus présents (qui sont par ailleurs tous/toutes beau/belles, grands/grandes et épilé(e)s jusqu'aux tendons).

Bonjour Bali !


Tandis que je saute de port de plaisance en port de pêche pour trouver un bateau à destination de l'Australie, je me rend vite compte que rallier l'Océanie par la mer sera des plus compliqués. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'à priori aucun navire n'y est autorisé en cette saison. Le problème n'est même pas de trouver une bonne âme qui acceptera que je l'accompagne, puisqu'on me propose de m'emmener en mars 2012 à partir du Timor mais malheureusement mon budget ne résistera pas à une attente aussi longue.



Je me tourne donc vers l'avion et négocie avec une compagie low cost en leur expliquant toute l'histoire. Ils me trouvent finalement un siège sur un vol de nuit à moitié vide pour un prix défiant toute concurrence. Après avoir fait mes adieux à l'Asie, je grimpe dans l'appareil et me sens comme cendrillon le soir du bal : bordel, tout est propre, brille, yamêmpadcafards et en plus on me sert une madeleine. Une madeleine !



Deux heures plus tard me voilà à l'aéroport de Darwin, en plein milieu de la nuit, et j'ai déjà du mal à me faire au changement. Je m'étouffe à moitié en avalant mon café quand je comprend qu'il vient de me coûter 4$, soit environ 3 euros et qu'il s'agit là du tiers de mon budget nourriture du jour. Tout est calme, rangé, neuf et je vacille une nouvelle fois quand je réalise qu'il y a 13 kms à se taper jusqu'à la ville. Et une randonnée en pleine nuit, une !

lundi 12 décembre 2011

Pouce 747 pour Jakarta : rogntudju

Jakarta

Rejoindre la ville de Padang ne prend qu’une heure mais vu que mon visage tourne au vert à chaque virage, celle-ci me semble interminable. Je m’installe dans une petite maison d’hôte et dors pendant environ 2 jours, le temps de reprendre du poil de la bête. Au début inquiet que ce ne soit la malaria où une saloperie du genre, je me rends vite compte que ce n’est qu’une overdose de fatigue couvant depuis la Malaisie autant qu'associée aux brusques changements de température.


En effet depuis une vingtaine de jours, il faut que je me fasse violence pour aller voir le monde, sans quoi je m’assieds sur un bout de trottoir et regarde les bagnoles passer pendant des heures, à la manière d’un bovin.  Peut-être est-ce également dû à la courte distance me séparant du territoire final, un peu comme quand l’on a envie de pisser depuis des heures et qu’une fois arrivé à 400m du soulagement, la pression se fait intenable.

La plage principale de Padang : on voit presque le sable

Je rage un peu de cet arrêt forcé qui me fait manquer l’île de Mentawai et ses fameux hommes fleurs, rendus célèbres par chez nous grâce au passage de Timsit sur ce fameux caillou dans une émission à succès.

Après une dernière journée faite de sifflage de noix de coco devant des plages couvertes de déchets, je prends la route de Jakarta et traverse donc le sud-Sumatra jusqu’à Palembang avant d’attraper le ferry un peu plus loin. C'est d'une beauté à pleurer. Temples animistes et Krakatoa plus tard, me voilà sur l’île de Java, bien plus habituée à la présence étrangère.



On m’avait prévenu : ne perd pas de temps dans la capitale. Maintenant je comprends pourquoi ! Je crois que je n’ai vu bled principal plus laid depuis Bucarest. Une misère importante, du béton partout et mon humeur massacrante pour me tenir compagnie : wouhou, ça fait envie.

Malgré cela, je reste toujours aussi étonné de la qualité de la nourriture qui compte comme l’une des plus fines jusqu’ici. Du saté au nasi goreng en passant par le durian, je pourrais passer mes journées à manger vu qu'un plat ne coûte que 60-75 cents.

Le monument central de Jakarta...


De plus, l’extrême bienveillance des habitants envers les occidentaux est surprenante et je fais mon possible pour rester agréable et poli à chaque nouvelle rencontre (environ toutes les 45 secondes). Tâche ardue vu mon envie inexplicable de noyer des chatons et de molester des vieilles femmes sans défense ( je crois que vous commencez à comprendre que je suis de mauvais poil).

Hop, direction Nogyakarta. Surnommé Jogja, la cité est sur-touristique et à l’image du Vietnam, on vous hèle tous les 2m pour vous prendre en pousse-pousse. Je me la joue donc à l’irlandaise, accoudé à une table de gargote avec un aneka juice (sorte de milk-shake) à la main en grommelant.



Le coin doit sa renommée au Kraton, le palais du Sultan, au volcan Merapi (qui est bel et bien à Java et non à Sumatra, j'ai fait une bourde sur le précédent billet) et évidemment au temple bouddhiste de Borobudur, le plus imposant au monde que j’essaye de me convaincre d’aller voir malgré le coût important du ticket et mon envie d’inertie.

L’île de Bali n’est plus bien loin et constituera ma dernière étape avant la terre promise. En espérant retrouver mon extraordinaire jovialité et mon formidable dynamisme d’ici là !