mardi 1 novembre 2011

Remontée du Mékong : entre débauche et empreintes coloniales



Vang Vieng n'est pas bien loin, 200 km tout au plus, mais la route pour y parvenir n'est pas des plus évidentes. Contrairement au Vietnam, se déplacer ici ne coûte quasiment rien et solliciter l'aide d'un autochtone pour rallier 2 points est toujours une démarche accueillie avec un sourire. Car oui, je suis au cœur du continent qui fait constamment risette et ici la bonhommie n'est pas un vain mot.

Environs de Vang Vieng


Je débarque finalement dans ce hameau perdu en pleine brousse qui compte en tout et pour tout 3 rues mais le spectacle offert n'est pas aussi typique que l'on pourrait le croire. En effet, tout ici est aménagé pour la jeunesse occidentale et se pinter à longueur de journée semble être l'activité maitresse, aidée en cela par le "tubing" qui consiste à se laisser aller au fil du Mékong sur une bouée et à s'arrêter à tous les "pit stops" pour avaler quelques bières et parfois même se voir offrir un pétard gratuit.

Touriste autrichien avec un milk-shake aux champignons


Sans compter quelques dizaines de morts tous les ans par noyade, ces "fêtards" offrent un spectacle assez navrant aux jeunes laotiens qui, faute de pouvoir s'offrir un peu d'herbe, s'enfilent des pilules appelées "Yabba". Il s'agit de méthamphétamines comptant parmi les plus nocives au monde; mais c'est abordable donc...

Bouddha dans une grotte (si)


Une fois ceci fait, il convient de passer le reste de la journée à se prélasser sur les banquettes des nombreux bars à sitcoms retransmettant en boucle des épisodes de Friends. Puis s'en vient le soir où tout le monde se la colle de nouveau jusqu'au petit matin. Bon, pour être tout à fait honnête je me suis laissé aller à l'arrivée mais le résultat ne valait pas vraiment le détour.

On s'attend à tout moment à ce que Tarzan pousse son fameux cri


Par contre, la nature environnante est magnifique et combine montagnes, jungle et caves offrant de nombreuses heures de treks aux courageux. J'ai par ailleurs pu observer quelques chauve-souris géantes et araignées monstrueuses lors de descentes sous le roche; je n'en menais pas bien large.



Ce village m'énerve. Je ne m'éternise donc pas et rejoins Luang Prabang au moyen d'un bus aux pneus à moitié crevés suivant une route chaotique. Chaque virage me donne des sueurs froides et j'arrive finalement en vie dans ladite bourgade, soulagé.

Récolte du riz


Celle-ci a beaucoup de charme et fait contre toute attente encore très coloniale : je crois que je n'ai jamais croisé autant de français depuis mon départ. De nombreux bars d'expatriés ornent les rues tandis que les locaux se chargent des maisons d'hôtes et des supérettes de fortune.



Le comportement des habitants est toujours amical mais leur attitude presque servile est véritablement dérangeante : on se sent comme un roi en face de ses sujets. De fait certains étrangers en jouent, les infantilisent un maximum et pourtant leur existence n'a rien d'une promenade de santé.

L'un des nombreux moines novices arpentant les rues


La plupart commencent à travailler dés 14 ans, pour un salaire ne dépassant que rarement les 400.000 kips (40 euros environ), tout en suivant péniblement des études et dorment parfois directement au boulot pendant plusieurs mois avant de rentrer dans leur village. De même l'appréciation des distances est très différente puisque tout se calcul en fonction d'un scooter. Ainsi, 50 km sont un véritable périple qui nécessite une préparation convenable : le contraste avec les chinois ou mieux encore les russes est saisissant, sachant que ces derniers ont pour habitude de faire régulièrement 2000 bornes A/R pour aller taquiner une mousse avec un poto.



Le coin semble idéal pour faire une pause et je décide par la même de m'essayer au HelpX. Kéksékoi ? Et bien c'est tout simplement un site web recensant plusieurs "entreprises" cherchant des bras en échange du gîte et du couvert. Le principal intérêt est qu'en général il s'agit de boulot dans des fermes organiques ou à portée écologique incluant donc toutes sortes de travail du bambou ou du bois dans des endroits pittoresques. Ceux qui me connaissent depuis un bout de temps savent que je suis aussi manuel qu'un tétraplégique mais bon, si je peux apprendre quelques tours ce ne sera pas du temps perdu.



Je prend donc une pirogue pour traverser la rivière Nam Kam et vais à la rencontre de Nathalie, expatriée québecoise possédant un certain nombre de petits business dans le coin dont un restaurant situé sur une petite île et une piscine plus loin. De fait, elle cherche de l'aide pour des boulots de menuiserie et autres dit l'annonce : je lui propose mes paluches, elle accepte, rendez-vous demain 10h.

Un bout de l'équipe HelpX après une partie du sport favori des laotiens : la pétanque (crédit photo : Justine)


Bim, me voilà sur le lieu à l'heure dite prêt à en découdre avec scies et marteau : ça va fumer. Sauf que non, après un petit déjeuner complet et goûtu (c'est dire si ils sont rares), on m'assigne une tâche inattendue : configurer une pointeuse pour le personnel lao du restau. Imaginez ma tronche et celle des autochtones quand j'installe cette machine infernale.... Bon... Je poursuivrais la semaine en faisant de la comptabilité et finirais en beauté par un tri/nettoyage de galets qui durera pas loin de 9h...

Imaginez cette photo correctement cadrée avec le chant d'une vingtaine de moines. Mystique.


Ceci étant dit, la gentillesse de la patronne est un plus et la qualité des repas est telle que l'on a pas l'impression de se faire arnaquer sur la marchandise. D'autres helpexeurs plus aguerris m'indiquent malgré tout le caractère assez inhabituel de cette expérience et me conseillent de retenter autre part pour me faire une idée plus générale du concept Woofing (qui est à peu près la même chose).



Je repars donc demain en direction de la Thaïlande et de ses inondations qui semblent s'apaiser un tantinet (touche du bois).

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