lundi 8 août 2011

la terre des tsars : entre enfer politique et paradis humain


 Une chose est certaine, je n'aurais jamais pensé être aussi surpris par la Russie. J'imaginais la chose comme une version 2.0 de l'Ukraine avec en gros les mêmes spécificités, que nenni tovarich. 

 Youri Dolgorouki, fondateur de Moscou


Mes derniers jours à Moscou furent marqués par plusieurs rencontres providentielles : tout d'abord Danila, jeune cartographe moscovite ayant bonne connaissance de Paris puisqu'il travaille chez Total (!). Je passerais par ailleurs sa vision de notre bô pays ainsi que de notre compagnie pétrolière fétiche pour éviter qu'il n'ait le moindre problème avec ses supérieurs. Mais une chose est certaine : il est grand c't'homme. Pas seulement de taille, mais de coeur et d'esprit puisqu'il fut mon guide au travers des ruelles, de la conscience russe et de la politique, si particulière ici.


Danila




Un brin fataliste mais sensiblement réaliste, il me conte la volonté de la jeunesse locale de mettre les voiles dés que l'occasion se présente. La faute, sans surprise, à Poutine et Medvedev qui s'évertue à boucher tout horizon quel qu’il soit.

 Des centaines de militaires se dirigent vers le lieu de la manifestation

J'ai de la chance en quelque sorte puisque nous nous rencontrons le 31. Et ce jour, comme tous les mois depuis 2 ans, se tient un rassemblement de l'opposition ( Stratégie 31 ) contre le gouvernement sur la place de la Victoire. Intrigué par le nombre impressionnant de camions militaires convergeant vers ce lieu, je décide d'aller voir ce qui se passe et donne de nouveau rendez-vous à Dan qui me regarde partir, un tantinet inquiet pour ma sécurité.

Manifestant attrapé par la volaille
C'est toujours marrant de le lire à l'envers
Que diable, je suis excité comme un puceron (si) et me retrouve rapidement au milieu d'un cortège de 100 personnes, entouré par 8 à 900 bidasses qui n'ont pas l'air de bonne humeur. Tandis que je prends des photos en pagaille, j'assiste au passage à tabac de pauvres bougres avec leur pancarte qui ne font de mal à personne ( ils ne font presque aucun bruit, c'est dire), et aperçoit un journaliste se faire emmerder par un militaire de façon assez insupportable. Ma chance, c'est qu'avec ma trombine de blondinet rasé, ils me prennent pour un pisse-copie bossant pour je ne sais quel canard nationaliste, et me foutent donc la paix.

 Journaliste russe en pleine discussion stérile


Une fois cet évènement terminé, je retourne à des activités plus conventionnelles et retrouve donc Dan en compagnie d'Ira, une amie à lui des plus sympathiques qui me conseillera longuement sur toutes les choses à voir dans la région. Vraisemblablement attristé par le bruit de cowboy prodigué gratuitement par mes bottes chéries, il trouve même le temps de m'offrir une paire de nike qui s'avèreront très confortables.

 Ira


Impossible de payer quelque chose, je suis comme un roi en son château, du simple café au repas dans un restaurant. Fort heureux de cette expérience des plus enrichissantes, je quitte Moscou avec regret pour prendre le trans-sibérien en direction de Omsk, en Sibérie.




Première constatation : je suis déçu. Pourquoi? Parce qu'on m'avait vendu ce train qui coûte les yeux de la tête comme une attraction mythique. Bof... C'est exactement le même que celui que j'avais pris en Ukraine et je me refais un coup de Parkplatz (la bétaillère ) pour l'occasion. Mais c'est toujours avec bonheur que je retrouve l'hospitalité de ce type de transport, les gens curieux et contents de voir un "francuski" voyager avec eux. Les actes bienveillants sont nombreux et mes compagnons de 2 jours n'hésiteront pas à border mon lit ou déposer une couverture supplémentaire sur ma carcasse malodorante si ils pensent que j'ai froid. Adorable est le mot.



J'aperçois par la fenêtre les grandes étendues sibériennes, plates, vertes et bordées de forêts; imaginant le même décor couvert de neige sous -40°c comme il est d'usage en hiver dans cette région du monde.

J'arrive donc à Omsk et comme un bonheur ne vient jamais seul, je suis accueilli par Oksana, Alissa et Alexei qui m'attendaient de pied-ferme. Comment se fait-il ? Et bien tout simplement parce qu'à Moscou j'ai rencontré complètement par hasard un journaliste sibérien répondant au nom d'Artemiy, et qui vit à Omsk justement ! Si c'est pas un signe du destin ça.


De gauche à droite : Alissa, Oksana, Alexei, Nastia


Même pas le temps de dire "ouf", et l'autochtone en question avait déjà passé une multitude de coups de fil pour que je puisse me faire héberger gratuitement ! Incroyable. Me voilà donc en compagnie d'une rédactrice-en-chef et de 2 journalistes : l'une spécialisée dans les évènements culturels et l'autre dans l'économie. Un rêve pour tous gratte-papiers débutants dans mon genre cherchant à se faire des relations.


Carnaval


Autre coup de bol, le lendemain c'est l'anniversaire de la ville et je déambule au milieu du carnaval avec Nastia et Alex, écoute de la musique traditionnelle, bois un grog, de la vodka, et m'essaye même au tir d'artillerie sibérienne en costume d'époque : celle là même qui a fait grand mal aux troupes de Napoléon. 




Encore une fois, impossible de payer quelque chose, tout m'est offert et je ne vais pas me plaindre. Les génitrices de mes hôtes appellent même régulièrement pour savoir comment je vais et si je ne manque de rien. C'est tout simplement dingue de voir à quel point ils aiment recevoir ici et particulièrement les français ! Je pourrais être le pire des quasimodo, le simple fait que je sois originaire de l'hexagone suffit à m'ouvrir toutes les portes, toutes.


Chanteurs traditionnels


Les mignonnes maisonnettes en bois ne seront plus qu'un lointain souvenir d'ici quelques jours, je les regrette déjà... Il est 18h, soit 5h de décalage avec Paname et je m'apprête à aller manger une pâtisserie à l'est de l'Oural. Elle est pas belle la vie ? 



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